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Plongeons dans des études de psychologies sociales pour comprendre un mécanisme surprenant à appliquer dans les organisations.
L’Effet Pygmalion, ou “effet Rosenthal et Jacobson” du nom des psychologues américains qui l’on mit en évidence, est une prophétie auto réalisatrice.
Elle induit une amélioration des performances et de la productivité d’un individu, en fonction du degré de croyance en sa réussite venant d’une autorité ou de son environnement.
Explications. 👇
Effet pygmalion : définition et origines
Dans l’Antiquité grecque, Pygmalion était un talentueux sculpteur chypriote. Après avoir été dégoûté des femmes, il fit le choix de façonner une statue à l’image féminine. Finalement, il tomba amoureux de sa statue.
Un jour, il embrassa sa statue et Aphrodite, déesse de l’amour, touchée par sa passion, donna vie à la statue.
En résumé, cet effet Pygmalion signifie que : plus je crois que quelque chose peu arriver, plus la probabilité qu’il arrive est vraie.
Beau récit, mais en quoi cette histoire touche le management et les entreprises ?
Pour bien le comprendre, nous allons approfondir ce concept par deux expériences qui démontrent les effets concrets.
Rosenthal et les rats : déroulé de l’expérience de l’effet Pygmalion
Dans les années 60, Robert Rosenthal souhaite vérifier cet effet ou prophétie.
En prenant des rats ayant des caractéristiques similaires, sans aucune différence significative, il les divise en deux groupes et les transmet à deux groupes d’étudiants.
L’objectif est d’aider les rats à sortir d’un labyrinthe.
- Au premier groupe, on a précisé que ces rats n’avaient rien de spécial et vont avoir beaucoup de mal à trouver la sortie.
- Au deuxième groupe, on a expliqué que ces rongeurs étaient « spéciaux », plus intelligents que la moyenne, sélectionnés génétiquement.
En observant la dynamique de groupe, Rosenthal a observé deux typologies de comportements très différents :
- Pour le premier groupe, les étudiants n’avaient pas d’intérêt pour les rats, avec aucun encouragement et peu d’attention.
- Pour le deuxième groupe, les étudiants étaient encourageants et confiants, persuadés que les rats allaient arriver à sortir.
Ce qui en ressort, c’est que les rats du premier groupe n’ont jamais pu trouver la sortie alors que dans le deuxième groupe ont tous pu sortir.
Selon Rosenthal, de cette expérience, en sort, que la perception, l’attitude et le comportement des étudiants ont eu une grande influence sur le comportement des rats.
Dis autrement, plus les étudiants croyaient que c’était possible, plus les rats leur donnaient raison.
À l’inverse, moins les étudiants croyaient cela possible et plus les rats leur donnaient raison (on parle ici d’effet Golem).
À l’inverse de l’effet Pygmalion, l’effet Golem, une prophétie autoréalisatrice aussi, met en avant que si des attentes beaucoup moins élevées sont placées sur un sujet ou un individu, elles conduiront directement à de moins bonnes performances.
En résumé, effet Pygmalion = pensées positives, effet Golem = pensées négatives.
Maintenant, posons-nous une question : est-ce que les Humains pourraient avoir les mêmes réactions ?
Rosenthal accompagné de Jacobson ont décidé d’aller plus loin dans l’expérimentation.
Effet Pygmalion à l’école
Pour poursuivre leurs travaux, jes deux chercheurs sont intervenus dans une école, Oak School à San Francisco. Ils ont précisé qu’il menait une expérience en lien avec l’université d’Harvard sur l’intelligence et le QI des élèves.
Après avoir fait passer un test de QI aux élèves, ils ont truqué les résultats en augmentant de manière significative le QI de 20% des élèves, choisi de manière aléatoire. Ces résultats ont été fuités aux professeurs en début d’année.
Les résultats au bout d’un an sont assez remarquables, les étudiants qui ont eu une augmentation de QI ont des résultats supérieurs, plus élevés que le reste de la classe.
On peut en déduire que, c’est une personne en situation d’autorité, en l’occurrence, le professeur, possède une influence forte sur ses élèves, en fonction de ces croyances.
Ces remarques, ces encouragements, sa confiance qu’il donne, son envie de voir l’élève progresser, il va avoir une forte influence sur la réussite de l’élève ou à l’inverse sur sa démotivation.
N’a-t-on jamais eu un professeur passionné qui nous a transmis sa passion et son envie d’apprendre ? Et à l’inverse un professeur démotivé, souhaitant finir son cours le plus rapidement possible ?
Application du concept “Rosenthal et Jacobson” dans son quotidien
Au quotidien, l’effet Pygmalion est un excellent moyen pour atteindre ses objectifs, prendre conscience de ses capacités, développer sa personnalité et renforcer son estime de soi.
Adopter cette conviction permet d’augmenter ses chances de réussite et/ou de concrétiser un projet, un rêve.
Développer un état d’esprit optimiste avec des pensées positives ne peut qu’être bénéfique sur :
- Son image de soi ;
- Sa motivation ;
- Sa confiance en soi ;
- Son épanouissement ;
- Sa connaissance de soi ;
- Une diminution de l’anxiété ;
- Et bien d’autres.
Et le management dans tout ça ?
Comment utiliser l’effet pygmalion à votre avantage ? Et comment cela s’applique-t-il en entreprise ?
Il n’y a pas eu d’étude sur le sujet, pour autant on peut extrapoler ce qui s’est joué dans cette salle de classe à une équipe en entreprise.
À prendre en considération, il est important que le manager qui va motiver son équipe soit reconnu et lui-même en soi convaincu pour que les collaborateurs y croient eux aussi.
Il faut aussi tenir compte que nous avons affaire avec des adultes, moins influençables que des enfants.
En effet, ce mécanisme a peu ou pas d’effet si je n’accorde aucun crédit à l’opinion du manager.
Pour autant, ce qui nous intéresse, c’est bien l’attitude du manager, avec une invitation à venir faire une introspection, car il a un rôle à jouer :
- Quelles sont les personnes en laquelle je crois dans mon équipe ?
- À l’inverse, quelles sont les personnes que j’estime difficiles à gérer ?
- Quelles pensées spontanées me viennent dans un cas et dans l’autre ?
- Comment pourrais-je voir la situation autrement ?
C’est aussi une invitation à croire en son équipe, en sa capacité à rebondir après un échec, à être capable de grandir, d’évoluer, peu importe d’où l’on part.
Son regard compte plus que vous ne l’imaginez (ainsi que les micro-expressions et les comportements associés).
De nombreux exemples montrent cette réalité, à quel point un manager ou un dirigeant peut orienter positivement ou négativement les collaborateurs.
Connaître et comprendre l’effet pygmalion est une compétence clé pour le leadership.