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Métro, boulot, dodo … Pour améliorer le quotidien de leurs collaborateurs et les rendre davantage performants, les entreprises multiplient les actions. Des sommes indécentes sont dépensées pour mesurer la satisfaction des collaborateurs, pour investir dans les dernières tendances design d’espaces de travail, on offre le café, des corbeilles de fruits, on achète un baby-foot, une table de ping-pong …
Mais est-ce que l’on peut corréler ces investissements à un épanouissement plus important des collaborateurs ?
Des paillettes QVT pour faire « comme tout le monde »
La qualité de vie au travail s’est imposée comme un chantier majeur des services RH et des managers dans nombre d’entreprises au cours des dernières années. En effet, on assiste d’un côté à une multiplication des classements et labels en tout genre pour mesurer la qualité de vie des collaborateurs d’une entreprise à l’autre et de l’autre à une guerre pour attirer et fidéliser les talents.
En parallèle, les attentes des talents ont évolué : on n’hésite plus à choisir son futur poste en fonction des conditions de travail, de l’équilibre de vie offert, des manières de travailler (plus de transparence, moins de hiérarchie, davantage de travail collaboratif …) La quête de sens et de reconnaissance au travail est au cœur des attentes !
Pour ces raisons, les entreprises qui mettent en avant des artifices tels que le baby-foot, devenu l’archétype de l’entreprise « cool » estiment que cela va leur permettre de gagner en attractivité et d’attirer davantage de candidats. Une étude réalisée par Joblift sur des annonces publiées entre 2016 et 2017 a révélé que plus de 20% des annonces mettaient en avant des jeux d’entreprises, dont 10% de baby-foot ! Dans nombre d’entreprises, l’investissement dans un baby-foot (comptez environ 130€ par unité pour un premier prix sur Amazon, dans les 800-1000€ pour la qualité d’un babyfoot de bar) est perçu comme un moyen de booster la productivité, de favoriser la cohésion d’équipe et d’améliorer l’attractivité en donnant une image « sympathique » de l’entreprise à moindre coût.
Outre les baby-foot, de plus en plus d’offres d’emplois mettent en avant des salles de détentes avec des poufs, des open-bar de café/thé, de fruit …
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Les outils, une solution miracle au service de la QVT ?
Le questionnement que l’on doit se poser au sujet de ces initiatives qui se multiplient est le suivant :
Est-ce que ces dernières sont réellement utiles et permettre d’engager les collaborateurs tout en favorisant leur épanouissement ?
Eh bien, cela dépend. Si l’on met en place ces initiatives sans rien remettre en question du côté de l’organisation du travail et de l’essence de la structure, cela revient à mettre un joli plaid sur un canapé troué. C’est certes un premier pas mais au-delà du baby-foot il faut s’intéresser à la démarche de l’entreprise : pourquoi ce baby-foot ? Pour faire « comme tout le monde » ? Pour attirer les talents ? Un baby-foot ne rend pas votre job plus intéressant, votre manager davantage bienveillant ou vos collègues plus sympathiques !
Un baby-foot ne rend pas votre job plus intéressant, votre manager davantage bienveillant ou vos collègues plus sympathiques !
En allant plus loin, on peut faire un parallèle avec la multiplication des outils liés à la QVT. On assiste en effet à une explosion d’outils digitaux qui font la promesse de solutionner tous les maux de l’entreprise. Aujourd’hui, il existe des applis pour mesurer la satisfaction de ses collaborateurs, leur bien-être de manière hebdomadaire, mensuelle ou même quotidienne, faire remonter leurs souhaits … Le problème est que dans encore beaucoup de cas, la majorité de la donnée qui remonte grâce à ce type d’outils ne conduit pas au déploiement de nouvelles pratiques en interne ou bien à l’évolution des pratiques déjà en place.
On se repose sur l’outil en le considérant comme une solution miracle mais si l’on s’arrête à l’outil, alors cela ne mène nulle part ! L’enjeu principal repose sur l’usage. Ce ne sont pas les outils qui importent mais l’utilisation que l’on en fait et plus important encore le sens que l’on donne à cette utilisation. C’est là l’objectif que doit poursuivre une démarche QVT “sincère”.
Pour revenir au baby-foot, c’est la même chose. Si ce dernier ne sert qu’à vous vendre en externe et renvoyer une image policée, vernie et dans l’ère du temps, alors cela ne sert à rien ! Les outils que vous utilisez doivent être cohérent avec votre identité, votre culture et se positionner dans une relation vertueuse avec votre culture d’entreprise.
La clé de la QVT
Si l’on se préoccupe sincèrement de la qualité de vie des collaborateurs au sein d’une organisation, il faut donner à ces derniers la possibilité de s’exprimer. Mettre en place des espaces de discussion libre au sein de l’entreprise est un vrai plus. Une fois que ces espaces sont mis en place, une libre expression favorise la prévention des risques professionnels et participe de l’amélioration des conditions de travail.
Pour que l’expression soit possible et non viciée par des contraintes telles que la peur de s’exprimer, la crainte d’être jugé ou par des jeux de pouvoirs et d’influence, le cadre dans lequel évoluent les collaborateurs doit permettre une expression vraie.
Cela implique qu’un climat de bienveillance soit présent dans l’entreprise. Il faut que les collaborateurs aient confiance les uns envers les autres mais aussi envers l’entreprise au sens plus large.
L’expression doit être la plus libre possible sur des sujets forts tels que l’organisation interne, les processus, les manières de manager, de recruter, de décider : tout ce qui touche à la culture d’entreprise au sens large. Si l’on ajoute à cela un environnement où les collaborateurs sont responsabilisés sur leurs missions, ont la possibilité de mener des projets de manière autonome, sont libres de décider de certaines modalités de leur organisation du travail ; alors les facteurs susceptibles d’accompagner l’épanouissement des collaborateurs et de les engager au quotidien seront réunis.
En résumé, la clé de la QVT dans une entreprise c’est la possibilité d’évoluer au sein d’un collectif bienveillant où la hiérarchie n’est plus asservissante mais libératoire, où le management repose sur la confiance, où l’on a la possibilité d’avoir un métier qui a du sens et qui permet de répondre au besoin d’avoir un équilibre de vie pro/perso. Changer les pratiques prend du temps mais c’est indispensable pour avoir une influence positive sur le bien-être des collaborateurs. C’est certes moins rapide que l’achat d’un baby-foot et peut-être moins facilement visible mais c’est en tout cas bien plus efficace ! Cela favorise un engagement plus important et une meilleure rétention des talents.
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