Le bore-out : la maladie de l’ennui

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Le bore-out c’est une souffrance au travail méconnue. Elle est causée par un ennui profond au quotidien. Pour avoir une idée de l’ampleur du phénomène, il faut avoir conscience que près d’un tiers des salariés en poste déclarent s’ennuyer au quotidien ! Il y a bien sûr les victimes de « placardisation », mais ce sont loin d’être les seuls concernés par le phénomène.

Au premier abord, cela peut paraître moins grave que le burn-out, le syndrome de l’épuisement professionnel. Et pourtant ! Il concerne un nombre de salariés plus grand que le burn-out et ses conséquences sont dramatiques : honte, isolement, dépression, désengagement …

On se penche sur ce phénomène et on vous explique tout : de ses causes racines aux moyens de s’en prévenir !

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Comment définir le bore-out ?

Le terme apparaît pour la première fois en 2007 dans les travaux de Philippe Rothlin et Peter Werder sous le nom de “Bore-out-syndrom“. Les auteurs le définissent comme un syndrome d’épuisement professionnel par l’ennui. L’année suivant la création de ce terme, une enquête effectuée par Stepstone dans 7 pays européens assène un résultat sans appel : 32% des salariés interrogés s’ennuient régulièrement au travail. Tout comme le brown-out ou le burn-out, c’est une maladie professionnelle réelle à ne pas surtout pas négliger.

L’ennui au travail ne doit pas être anodin. 

Bore-out : un mal bien réel

C’est une souffrance au travail assez récente. Cette maladie à la particularité de faire culpabiliser les collaborateurs qui en sont victimes : on se dit que l’on a la chance d’être en poste alors que tant d’autres sont au chômage. En quelque sorte, on s’interdit de se plaindre de sa propre situation et on s’autopersuade de la « normalité » de cette dernière. Et pourtant … Il n’y a rien de normal et d’acceptable ! Les salariés qui sont “mis au placard” et qui voient leur employeur leur confier de moins en moins de travail à réaliser sont également des victimes de ce mal moderne.

Les collaborateurs victimes de ce mal observent un décalage important entre le temps passé « au travail » et le temps passé à travailler. Les salariés touchés déclarent moins de 2h de temps de « vrai » travail par jour.

Souvent, on est victime de cette maladie quand l’on est cantonné à des tâches dont on n’arrive pas à voir la finalité ni la valeur ajoutée. On finit par arriver à un épuisement au travail causé par l’ennui, le manque de stimulation intellectuelle et un désengagement progressif. Des tâches monotones, répétitives qui s’inscrivent dans une routine quotidienne sont des causes importantes de bore-out. Cela amène également à une perte d’estime personnelle. 

Dans ses travaux sur le sujet (Le Bore-out syndrome : quand l’ennui au travail rend fou), Christian Bourion le décrit comme « un ensemble de souffrances détruisant la personnalité sociale des salariés inactifs ».

Bore-out et burn-out ont donc des causes et des symptômes qui diffèrent (surengagement VS sous-sollicitation du collaborateur), mais génèrent des problématiques similaires. On vous explique comment déceler (et surtout accepter !) un possible bore-out et comment s’en sortir !

Comment détecter un bore-out ?

Chaque matin, vous arrivez au bureau en ayant déjà à l’esprit le moment où vous pourrez quitter le bureau. Vous passez votre journée les yeux rivés sur la pendule à atteindre que l’horloge atteigne le sacro-saint 18h où vous serez enfin autorisé à quitter votre poste de travail.

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Vous ne trouvez plus le sens dans votre travail et personne ne vous sollicite pour vous demander de l’aide sur un projet, un dossier, une mission … Ou bien vous vous retrouvez à effectuer des microtâches qui sont supposées durer 30 minutes au maximum mais que vous étalez pour vous occuper 2h voire une demi-journée complète. Ce sont les symptômes du bore-out les plus facile à repérer.

En somme, vous n’avez plus le sentiment d’évoluer dans votre poste, vos missions ne vous passionnent plus : votre job ne vous challenge plus sur le plan intellectuel : vous êtes dans une prison « dorée ».

Le bore-out est donc d’abord créateur d’anxiété, de démotivation pour le collaborateur.  Au stade suivant, l’ennui devient un profond mal-être, une perte d’estime de soi qui peut mener à la dépression. Pas de panique cependant ! Ce n’est pas une fatalité. Il est possible d’agir pour s’en sortir !

Pour les entreprises, cela amène à une hausse de l’absentéisme, à des salariés désengagés et non-productifs, à une hausse du turn-over : les coûts ne sont pas négligeables.

Comment détecter un bore-out ?

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Le bore-out au niveau légal

En avril 2018, un salarié de l’entreprise française Interparfums est licencié au motif “absence prolongée perturbant le bon fonctionnement de l’entreprise de façon importante et durable”. Suite à la perte d’un client important pour l’entreprise et à la crainte que les effectifs soient réduits, la charge de travail du salarié s’était considérablement réduite. Il n’avait “qu’entre 20 et 40 minutes de boulot effectif par jour”. Cela l’affectait fortement et il se sentait coupable et honteux de sa propre situation. Après son licenciement, il décide d’attaquer son employeur aux prud’hommes pour harcèlement moral. Le juge a reconnu la nullité de son licenciement du fait d’un harcèlement moral caractérisé par les points suivants :

  • Une pratique de mise à l’écart de la part de son employeur qui l’a maintenu dans une relation de travail sans lui confier de tâches correspondant à sa qualification. Il était sur-qualifié pour les rares tâches qui lui étaient confiées ce qui a eu pour effet de conduire à une altération de sa santé physique et mentale.

Le terme de bore-out n’a pas été retenu par le conseil des prud’hommes même s’il s’est appuyé sur les avis médicaux qui, eux, retenaient ce terme. Les choses bougent mais ce nouveau mal n’est pas encore retenu comme maladie professionnelle. Cela viendra sûrement dans les années à venir ! La difficulté restant d’en prévenir les symptômes, d’être capable de les repérer et d’agir.

Nos conseils pour se sortir du bore-out

La première étape est de devenir conscient du fait que l’on est atteint d’ennui au travail et qu’il faut agir. Cette maladie possède un caractère particulièrement insidieux du fait de son entrée progressive dans votre quotidien. De plus, il est assez mal vu socialement d’avouer que l’on s’ennuie au travail lorsque l’on est bien payé ou même tout simplement quand on a la chance d’être en poste. C’est une des raisons du tabou qui entoure ce mal professionnel et qui peut rendre difficile le chemin vers les actions pour s’en sortir.

Les signaux évoqués plus haut sont un bon indicateur pour faire le point sur votre situation professionnelle.

Première chose à faire une fois la prise de conscience du mal réalisée : prendre du recul sur sa situation et considérer tous les leviers à sa disposition pour agir.

  • D’abord, depuis combien de temps êtes-vous dans cette situation ?
  • Est-ce qu’il y a eu un déclencheur particulier ?
  • Un changement dans votre environnement de travail ?

Posez-vous ensuite la question de savoir ce que vous pouvez faire pour changer cette situation ! Demandez à être impliqué sur de nouveaux projets, contactez le service RH de votre entreprise, essayez de faire jouer la mobilité interne de votre structure, devenez acteur de votre changement !

Dans certains cas, la solution est assez radicale : c’est un changement d’entreprise, de poste voire même de projet professionnel qui peut vous permettre d’en finir une fois pour toutes avec le bore-out. Prenez le temps de bien concevoir votre projet (un premier moyen de ne plus s’ennuyer au bureau !) et ensuite lancez-vous ! Il est également possible d’aller consulter la médecine du travail pour trouver des solutions.

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