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Après 2008, nombreuses sont les entreprises qui ont dû mettre la clé sous la porte à cause de la crise économique. Délocalisations, chômage, vies brisées, collaborateurs comme chefs d’entreprises ont traversé une période tragique. C’était le cas de l’entreprise Chrono Flex, implantée à Saint-Herblain, près de Nantes. Cette société spécialiste du dépannage de flexibles hydrauliques sur engins de chantier s’est retrouvée bien mal en point. Mais c’était sans compter l’optimisme et la ténacité de son PDG, Alexandre Gérard. Souhaitant ne pas abandonner ses collaborateurs et son entreprise, il a révolutionné le monde du travail en supprimant quasiment toute forme de hiérarchie. Partons à la découverte de cette entreprise libérée qui a pu sauver ses 300 salariés !
Chrono Flex : une entreprise dans la tourmente
En 1995, la PME nantaise, nommée Chrono Flex, cliente de la Banque Populaire Atlantique souhaite ouvrir un nouveau marché : le dépannage de flexibles hydrauliques d’engins de chantier, directement sur site, 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. En quelques années, la croissance est rapide et les recrutements se multiplient. Douze ans après, Chrono Flex emploie plus de 300 salariés. Malheureusement, en 2009, après le passage de la crise économique, la société est mal en point. Dépendante de la commande publique, l’entreprise voit son chiffre d’affaires s’effondrer, passant de 22 millions à 14 millions. Un coup dur pour son PDG, Alexandre Gérard, qui doit licencier une quarantaine de ses collaborateurs. Une décision difficile pour celui qui ne souhaite qu’une seule chose : développer son entreprise et fidéliser ses collaborateurs.
PDG de Chrono Flex : à la recherche de solutions
Alexandre Gérard va alors se lancer dans de nombreuses recherches pour sauver son entreprise et ses employés. Il va s’intéresser à de nombreux auteurs, comme Jean-François Zobrist, fondateur de la société Favi. Son discours va être un électrochoc. En effet, ce dernier a supprimé dans sa société le contrôle de ses salariés et a misé sur la confiance. Dans une interview pour le site L’Express Emploi, Alexandre Gérard se confie : « en lisant son livre, je me suis rendu compte que j’avais tout faux : si mon entreprise allait mal, c’est notamment parce que j’avais emprisonné la créativité et que je l’avais gérée à coups de procédures et d’interdits, en me focalisant sur les 3% de gens qui ne respectaient pas les règles ». En constatant ses erreurs, le PDG de Chrono Flex va aller à la rencontre d’un certain Isaac Getz, professeur à l’ESCP Europe et écrivain de l’ouvrage Liberté & Cie. Quand la liberté des salariés fait le succès des entreprises. Grâce à l’auteur, il va pouvoir affiner sa nouvelle stratégie afin de faire de sa société une entreprise libérée.
Chrono Flex : une entreprise libérée
En 2011, Alexandre Gérard, en collaboration avec le reste de son équipe va collecter auprès de ses services des suggestions soumises par ses collaborateurs. De ces différents entretiens, quatre idées fortes vont faire leur apparition : « la performance par le bonheur; cultiver l’amour du client ; des équipes respectueuses et responsables; un esprit d’ouverture et une ouverture d’esprit. », explique-t-il au site L’Express Emploi. À partir de ces grandes lignes, l’entreprise va passer un cap. Premièrement, l’espace de travail a été bouleversé : ce qui était auparavant le bureau du PDG sera transformé en lieu collectif, avec café, sucreries, sofas cosy pour tous les collaborateurs. Un lieu paisible, où chacun peut se détendre. Autre changement : les places de parking réservées sont supprimées, et même pour les chefs ! Plus de privilèges, chez Chrono Flex, on partage tout. Toutes les équipes suivent également des formations pour apprendre à lâcher prise et savoir faire un break de temps en temps. La Direction communique également tous les chiffres de l’entreprise. Désormais, plus aucun secret, tous les collaborateurs sont au courant des marges, des statistiques et du chiffre d’affaires.
Un modèle pour tous
Le 7 janvier 2012 restera gravé dans l’esprit des collaborateurs de Chrono Flex. En effet, Alexandre Gérard réunit son équipe et scande : « vous aviez un navire amiral, transformez-le en vedette ultra-rapide ! ». Armés de Post-it, les employés vont plancher pendant des heures pour proposer une nouvelle organisation. La pyramide managériale a été inversée et la distance managériale entre les 200 techniciens et le PDG a été réduite. Fini le contrôle des collaborateurs, chacun s’autocontrôle. Par exemple, chaque technicien est responsable d’un véhicule qu’il doit entretenir. Un groupe de collaborateurs nommé « bien-être » va plancher pendant des mois au sujet de la rémunération variable. La Direction valide un nouveau système qui propose que chaque technicien reçoive une prime de 15% sur la rentabilité individuelle, de 15% sur la performance collective de son équipe et encore 15% tous les six mois sur la rentabilité globale de l’entreprise. Résultats : des collaborateurs enthousiastes, performants et heureux sur leur lieu de travail. Le turnover a réduit considérablement, passant 25% à 16% et le taux d’absentéisme de 13,2% à 9,2%. Chaque équipe et non service nomme pour trois ans un « capitaine » pour coordonner et non diriger chaque cellule régionale de la société.
Les différentes transformations de l’entreprise ne se sont pas faites sans heurts. Par exemple, sur les trois responsables régionaux, deux ont quitté le navire, ne se sentant pas capables de vivre de tels bouleversements. Certains agents ont refusé leur nomination de capitaine, ne se sentant pas assez compétents pour une telle responsabilité. Les managers ont également dû fournir un gros effort d’adaptation. Désormais, il ne s’agit plus de commander mais bien de guider ses équipes. Pour certains, la frustration a été grande. Pour d’autres l’adaptation plus facile.
Grâce à cette révolution managériale, Chrono Flex est devenue une entreprise libérée, et un modèle pour beaucoup de sociétés. Démontrant que la crise économique n’est pas une finalité, Alexandre Gérard a su remobiliser ses équipes selon un nouveau schéma managérial. Dans cette société, chacun a les mêmes droits et devoirs, le tout est de savoir allier bien-être des employés et performances de l’entreprise.
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