Le télétravail : une pratique à la marge qui rend malheureux ?

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Deux études sur le télétravail ont été publié début novembre par la DARES (Direction de l’Animation de la Recherche, des Etudes et des Statistiques), qui dépend directement du ministère du travail. Ces publications ont été faites dans le cadre de la publication par l’INSEE d’un dossier sur L’économie et la société à l’ère du numérique.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les résultats de ces études vont un peu à rebours de ce que l’on est habitué à voir sur le télétravail ! On vous explique tout ça en revenant sur les études publiées.

Une pratique encore marginale ?

Le premier point de l’étude qui est plus contrastée que ce que l’on a l’habitude de voir concerne le nombre de télétravailleurs.

  • Le télétravail régulier (1 jour / semaine) est une réalité pour 3% des salariés Français et une 61% de ces 3% de télétravailleurs sont des cadres ;
  • Le télétravail occasionnel (quelques jours par mois mais moins de 1 jour par semaine) concerne 4% des salariés ;

Au total : 1,8 millions de salariés sont télétravailleurs selon cette étude. Point à noter : seul le télétravail tel que défini dans le code du travail en septembre 2017 est comptabilisé par l’étude. Ne sont par exemple pas comptabilisés : le télétravail lors de déplacements (clients, transports …) ainsi que le télétravail « glissant » car non prévu (par exemple : ramener du travail chez soi le soir).

Autre point notable que l’étude fait ressortir : plus de la moitié des télétravailleurs pratiquent le télétravail hors de toute formalisation contractuelle. Un quart des télétravailleurs sont couverts par un accord collectif, obtenu suite à une négociation collective.

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Des risques à prévenir

Une hausse du temps de travail

Une mise en avant de la souplesse du cadre de travail (horaires, lieux) notamment liée à la réduction des temps de trajets est soulignée par l’étude. Un point qui ressort est aussi que plus l’on est éloigné de son lieu de travail, plus l’on est susceptible de télétravailler. Les télétravailleurs résident en moyenne 1,5 fois plus loin du bureau que leurs collègues qui ne télétravaillent pas.

Cependant, cette souplesse se fait parfois aussi dans le « mauvais » sens : les salariés travaillent en moyenne davantage et parfois au détriment de leur vie personnelle. Ils sont plus nombreux à dépasser les 50h par semaine. En moyenne, 35 minutes de travail en plus par semaine sont observées, et sur des horaires « décalés » – majoritairement le soir et le samedi. Cela peut conduire à une désynchronisation avec le reste de l’équipe et doit donc nous inviter à repenser nos manières de communiquer. En mettant en perspective ces 35 minutes supplémentaires par semaine, cela ne fait que 17min30 de plus par jour télétravaillé pour un employé qui télétravaille 2 jours par semaine. Est-ce que cela ne compense pas des temps de transports évités par exemple ?

Isolement et lien social

En lien avec cela, l’étude sur les télétravailleurs réguliers fait remonter la sensation d’un sentiment d’isolement assez marqué. Sentiment d’isolement qui est appuyé par des informations manquées ou non transmises ou par le fait d’un manque d’aide du supérieur hiérarchique dans l’activité opérationnelle au quotidien.

Les télétravailleurs sont aussi moins satisfaits de l’ambiance qu’ils vivent au quotidien, en se sentant parfois à l’écart de la vie de l’entreprise par rapport à ceux qui travaillent depuis les locaux.

Les résultats de l’enquête n’établissent donc pas d’incidence positive entre télétravail et qualité de vie au travail – l’impact du télétravail serait plutôt neutre, les avantages étant contrebalancés par les risques associés.

Pour aller plus loin : immersion dans le quotidien d’une entreprise où tout le monde télétravaille

Mise en perspective

Les résultats de cette étude vont à rebours des autres études que l’on voit ces dernières années. Il convient donc d’interpréter les résultats présentés de manière précautionneuse :

  • L’aspect managérial et culturel n’est pas abordé par l’étude qui est davantage sur une analyse de données quantitatives que qualitatives (un échantillon de 26.500 personnes a été interrogé tout de même !) ;
  • Concernant les risques psycho-sociaux, l’étude évoque bien des « risques » qui par définition peuvent être réduits si anticipés et si l’on a conscience de l’existence de ces derniers ;
  • L’étude a été réalisé sur des données qui précèdent l’entrée en vigueur des ordonnances du 22 septembre 2017 – simplifiant considérablement l’accès au télétravail.

Les études publiées par le DARES ont été conduites auprès d’un échantillon représentatif de 26.500 personnes en 2017, avant la publication des ordonnances du 22 septembre de la même année. Ces dernières ont pour vocation de simplifier l’accès au télétravail via la suppression du critère de régularité et en rendant optionnel le fait de prévoir la pratique du télétravail dans le contrat de travail. On attend les prochaines études avec impatience pour plus de visibilité !

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Sources :

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