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Imaginez… Vous êtes en famille un dimanche midi. En attendant que le repas soit servi, vous faites un petit tour sur votre ordinateur professionnel. Et là, douche froide, vous lisez un mail de votre supérieur qui vous demande un dossier que vous n’avez pas encore traité. Vous refermez l’ordinateur aussi sec et tentez de mettre cette mauvaise nouvelle dans un petit coin de votre tête. Malheureusement pour vous, plus les heures passent, plus ce dossier non achevé tourne en boucle dans votre tête. Pire, vous pensez tellement à cette information que vous en oubliez l’anniversaire de votre sœur le soir même. Ce phénomène porte un nom : l’effet Zeigarnik.
Cela ne vous dit rien ? Pourtant, tous les jours, vous y êtes confronté.
Dans cet article, nous allons vous aider à comprendre l’effet Zeigarnik.
Comprendre l’effet Zeigarnik
Au début du XXe siècle, une psychologue soviétique nommée Bluma Zeigarnik fait une découverte surprenante, à partir d’une intuition : et si chaque personne retenait beaucoup mieux les tâches inachevées que celles terminées ?
Cette hypothèse lui est venue en observant des serveurs à Vienne : elle a alors pu constater que les garçons de café retenaient bien mieux les commandes qui n’étaient pas encore servies mais qu’ils les oubliaient totalement dans la seconde qui suivait le service. A partir de ce postulat, Bluma Zeigarnik souhaita vérifier son hypothèse de façon expérimentale.
Pour cela, elle demanda à deux groupes de personnes de réaliser certaines tâches, comme par exemple, la création de figures en terre. Au premier groupe, Bluma va leur demander d’interrompre leur réalisation, laissant le second groupe continuer leur tâche. Peu après, elle demanda aux personnes testées les tâches dont elles se souvenaient.
Et les résultats sont époustouflants : les tâches interrompues étaient deux fois mieux retenues que les tâches accomplies jusqu’au bout. Au fur et à mesure, la psychologue s’est rendu compte que ce phénomène cognitif touchait toutes les classes sociales, à tout âge, sans distinction de sexe.
Aujourd’hui, l’effet Zeigarnik explique en partie, les effets du multitasking sur la mémoire et l’attention.
L’effet Zeigarnik sur le multitasking
En effet, par définition, la pratique du multitasking ajoute des tâches non terminées au sein même de votre mémoire qui vont prendre de l’espace, au détriment de celles, plus importantes et qui devraient bénéficier de toutes vos ressources mentales.
Par exemple, l’effet Zeigarnik est accentué lorsque nous ressassons un email reçu pendant une période de repos. Comme nous vous l’avons décrit dans l’introduction, toute la journée du dimanche vous allez ressasser dans votre tête le fait de répondre obligatoirement à ce mail. En réalité, une case « répondre à cet email » se crée dans votre esprit et l’effet Zeigarnik sera bien plus fort que vous.
Ce phénomène peut se répercuter le soir, pendant les week-ends ou encore les vacances. Selon Isabelle Rouleau, professeure au département de psychologie de l’UQAM, lorsque l’on « mène une action, on s’attend à ce qu’il y ait une conclusion. Si on est interrompu en plein milieu, l’action continue à rouler dans notre tête parce qu’elle n’est pas complétée, elle n’a pas changé de case ».
En conclusion : plus les personnes sont consciencieuses et veulent aller au bout de leur tâche, plus la tension est forte. Le stress prendra fin seulement lorsque la mission sera achevée.
Néanmoins, lorsque l’on prend en considération que nous sommes tous soumis à l’effet Zeigarnik, nous pouvons alors prendre certaines dispositions pour s’en protéger.
Transformer l’effet Zeigarnik pour en faire une force
En effet, ce phénomène peut être une très bonne raison pour éviter de regarder ses mails trop fréquemment. Pour cela, il existe quelques règles simples à mettre en place pour tenter de stopper l’influence de l’effet Zeigarnik :
- Limiter le nombre de tâches entreprises en parallèle
Ici, il est nécessaire d’arrêter le multitasking ou du moins tenter de le réduire. Mais comment faire lorsqu’on a plein de choses à faire ? Première étape : commencer par terminer les tâches que vous êtes en train d’effectuer en évitant au maximum d’en commencer des nouvelles.
- Découper en sous-tâches plus petites avec des objectifs intermédiaires :
Par exemple, vous devez écrire le compte-rendu d’une réunion en y ajoutant des photos. Divisez votre travail en plusieurs étapes :Ecriture du texte / durée : 1 heure,
- Hiérarchie des informations / durée : 35 min,
- Hiérarchie des informations / durée : 35 min,
- Mise en page du texte + photos / 1h.
- S’il vous reste des tâches inachevées, il suffit de les noter sur une feuille en y ajoutant à côté les solutions à apporter. Cela vous permettra de décharger votre mémoire, ce qui aura pour conséquence de bloquer l’effet Zeigarnik.
Loin d’être une fatalité, l’effet Zeigarnik peut être diminué grâce à quelques habitudes.
5 astuces pour contrer l’effet Zeigarnik
Et si nous vous donnions quelques conseils pour contrer ce phénomène au travail ?
- Gérer sa boite mail : ici il suffit de supprimer les alertes de la messagerie et de se fixer une ou des plages horaires pour lire ses mails,
- Réaliser une to-do-liste : pour contrer l’effet Zeigarnik, il est important de faire des to-do-listes et de cocher les tâches terminées. Vous pouvez également donner des statuts à vos tâches : en cours, urgent, à faire…
- Ranger : un bureau ordonné et une boite mail rangée, c’est un cerveau moins préoccupé,
- Arrêter de procrastiner : au bureau la tentation est grande pour se divertir. Etablissez alors des plages horaires consacrées à votre travail, et d’autres où vous pouvez surfer sur internet,
- Hiérarchisez vos priorités : il est indispensable de dissocier l’urgent de l’important. Souvent, on se précipite dans la réalisation d’une tâche jugée urgente, alors que cette dernière est importante mais pas forcément réalisable à l’instant T.
Vous l’aurez compris, chacun d’entre nous est plus ou moins touché par l’effet Zeigarnik. Ce phénomène très présent chez les cadres, peut paraître parfois insurmontable et peut entraîner des grosses périodes de stress. Il faut alors être capable de le contourner et se forcer à prendre son temps pour effectuer une tâche jusqu’à sa réalisation complète.
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