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Equipe dispersée et ultra diverse, situation volatile, incertitude, recrutements à distance et outils digitaux… Et tout de même communiquer, décider, piloter. C’est notre quotidien à tous, depuis quelques années.
Parmi nous, pourtant, certains se sont entraînés en douce, avant les autres. Là où nous avons souvent la sensation de travailler sans filet, ils ont de leur côté tellement testé les codes, qu’ils ont fini par créer de nouvelles formes de collaboration, simples et performantes.
Les comportements collaboratifs des joueurs en ligne sont un vrai tube à essai pour le management.
Qu’en est-il de l’organisation ? Dans un univers tout à fait normé et traditionnel, ma propre expérience de joueuse m’a permis de proposer, une fois DG et DRH, des solutions parfois créatives et très adaptées à des modes de travail « Agile » et « Projet ».
La transformation de nos entreprises et du monde du travail est tellement permanente que nous sommes parfois à court de souffle et d’idées.
Et si vous n’aviez pas encore puisé dans toutes vos ressources ? Votre organisation s’est-elle suffisamment inspirée de l’expérience des Gamers ? 10 ans après, voici mes leçons apprises.
Les joueurs acceptent l’échec et l’exploitent
Les joueurs vont toujours de palier en palier, avec un niveau de difficulté croissant.
Les « Boss de fin de niveau » donnent du fil à recoudre : il faut recommencer 2 fois, 3 fois, 10 fois.
Analyser, changer de tactique, coordonner à nouveau des actions complexes qui se déroulent sur de précieuses soirées de loisir. Pourtant, les joueurs se découragent rarement, dans un souci d’efficacité, ils restent concentrés et convaincus, et ne sont pas attachés à leur tactique : si celle-ci ne fonctionne pas, c’est que c’est une autre qui fera l’affaire.
Pas question de « faire de la même manière pour voir si on échouera pareil ».
Mieux encore, le partage des leçons acquises au sein des guildes se fait de manière précise et documentée.
On est déjà très proches du serious game. Les « lessons learnt » sont mises à jour, publiées, partagées, dans un mode « ultra transparence des infos ».
Et dans nos entreprises ?
Recruter, c’est bien – Bien recruter, c’est mieux
Lorsque le jeu impose que la prochaine épreuve se passe à 30 joueurs – ou pas du tout, le regroupement en guilde se fait naturellement avec des intérêts communs.
Comme au sein de grosses équipes projet, où l’on a besoin de compétences et d’expertises diverses, pour mener une action commune : recruter.
Le Chef de Guilde doit gérer le groupe, et retarder le turn-over qui viendra naturellement (on se lasse de la fonction, de ses partenaires, ou on trouve mieux ailleurs) afin d’éviter le coût en recrutement : le temps de jeu.
Et là, c’est comme en entreprise. Le recrutement peut se faire parce qu’on a besoin de cette compétence justement (on recherche un “soigneur”, un “forgeron”) et on accueille celui qui se présente. Mais vous aurez beau avoir choisi le plus cador techniquement – il aura la meilleure armure, le plus gros temps de jeu, les meilleurs raccourcis clavier -, s’il n’a pas l’esprit de collaboration, s’il ne sait pas communiquer, s’il brise la cohésion… ce n’est pas ce Jedi que vous recherchez.
Comme en entreprise, certains Experts du jeu n’appartiennent pas à un groupe : ils peuvent être embauchés pour une mission, mais ils ne sont pas bons en équipe.
La technique ne fait pas le Leader.
Les joueurs font tourner les rôles et les responsabilités
Le besoin de coordination ou d’animation d’équipe permet de s’essayer au leadership.
Bon nombre de joueurs ont été eux-même surpris par la découverte de leur capacité à organiser et gérer jusqu’au bout (c’est-à-dire, jusqu’à la documentation des « lessons learnt ») des missions de 20 joueurs connectés depuis 3 continents, présents à l’heure (presque…) et appliquant la tactique définie (souvent…).
En plus de mettre en lumière de nouveaux talents, la coordination met en lumière de nouveaux modes d’organisation. Selon les joueurs présents et les capacités individuelles, le bâton de leadership tourne naturellement.
Pour tous, c’est d’abord l’atteinte de l’objectif qui compte – un début d’holacratie ?
Dans tous les cas, les récompenses seront distribuées selon d’autres critères que celui du leadership.
Le groupe est aussi efficace que son membre le plus faible.
Très rapidement, les joueurs et les guildes s’organisent pour former les membres débutants.
Plus rapidement encore, ils prennent en compte les différences de modes d’apprentissage : vidéos en ligne, documents avec impression d’écran, mentorat…
Les Guildes investissent beaucoup de temps de formation sur les joueurs novices, pour éviter les erreurs au cours d’une opération. Cette préparation massive et souvent individualisée, marque généralement le succès des équipes.
C’est aussi un bon moyen de tester l’investissement des joueurs : ceux qui rechignent à passer quelques heures à s’entraîner avant de profiter du jeu en groupe sont éjectés de l’équipe.
Individualisé, efficace, mais pas sentimental.
Et soudain… tout s’écroule.
Même lorsque le groupe fonctionne bien, que les conflits sont gérés et qu’un langage, qu’un humour commun est partagé… des fissures se créent.
Même si les objectifs sont clairs, définis, partagés. Que l’effort est mesuré… Il y a toujours des « presque », des grincements de dents, des retournements de situation, des défections. Les leaders naturels s’accrochent tout de même un peu trop, certains regrettent de faire tout de même un peu tout.
Tout comme ma guilde a fini par se dissoudre naturellement, j’ai vu les meilleurs services d’entreprises perdre ce qui faisait leur ADN, leur attractivité et leur succès.
Comme toute organisation, l’organisation ludique doit se renouveler en permanence. Sans ça, elle est vouée soit au déclin, soit à la disparition.
Pour faire perdurer une expérience à succès, il est très important de savoir chambouler les choses au bon moment : lorsque tout va bien.
En jeu comme dans nos entreprises, les erreurs sont fréquentes, les comportements négatifs largement présents.
Cependant, la possibilité d’apprentissage donnée par ces véritables “Sand Box”, où les enjeux liés aux échecs sont largement moindres, font de certains joueurs des chefs de projets très efficaces, et de certaines pratiques de véritables sources d’inspiration pour nos organisations.
Votre entreprise les a-t-elle exploitées ?
Vous souhaitez vous faire accompagner dans l’évolution des modes de travail dans votre organisation ? Contactez-nous !
Article rédigé par : Lise-Marie Biez